Sens, mère de Brennus, champenoise ou bourguignonne ?

Sens, la rebelle devient le phare du territoire

Au 1er siècle avant Jésus Christ, La ville de Sens se nomme Agedincum. Au IV^ème siècle, elle prend progressivement le nom de Sénones en lien avec le nom du peuple gaulois – les sénons – mené par Brennus environ 400 ans avant JC. La racine du nom est « Sen » : Gagner, vaincre ou « Seno » : Ancien. Dans la chanson de Roland au XI^ème siècle, cette extrémité du royaume des Francs est nommée « Seinz ».

Selon Alain Di-Rocco, le peuple sénon fut particulièrement réfractaire à l’invasion romaine (-53 avant JC.). Aussi fut-il nécessaire de l’intéresser à la politique de la ville pour éteindre les hostilités. Dans cette même logique, les romains décidèrent de doter la ville de tous les aménagements impériaux et de lui conférer un rôle politique considérable. La ville de Sens devint progressivement une ville riche dans laquelle les personnages de premier plan venaient s’installer. Forte de ses dix sept mille âmes, elle faisait l’objet d’assauts par des belligérants qui souhaitaient en prendre le contrôle et y prélever les richesses. C’est pourquoi la cité de vingt-cinq hectares fut protégée par la construction une muraille de 3 kilomètres .

En 1130, naissait la première Cathédrale gothique de la Chrétienté. A la fin du Moyen-Âge, Sens devint un archidiocèse assoyant son autorité sur Chartres, Auxerre, Meaux, Paris, Orléans, Nevers et Troyes. L’Archevêque de Sens obtint même le titre de « Primat des Gaules et de Germanie par le Pape Jean VIII. Jusqu’au XVIIème siècle, l’évêque de Paris dépendait toujours de l’Archevêque de Sens.

Sens la champenoise ou la Bourguignonne ?

Selon Larcher de Lavernade, historien de Sens, la ville ne fit pas plus partie du comté de Champagne que du duché de Bourgogne. Mais de nombreux auteurs s’accordent à reconnaître que la ville de Sens était champenoise à l’époque celtique. En effet, la Champagne était alors partagée entre les Celtes et les Belges. Une division confirmée par les romains qui devaient la couper en deux provinces : la Belgique au Nord, et la Lyonnaise au Sud. Lors de la division administrative du Bas-Empire (fin de l’Empire romain), la Lyonnaise devint la Sénonaise. Sens était alors l’une des villes les plus prospères, mais la Champagne déclina au moment des invasions (bataille des champs catalauniques) en 451.

La ville de Sens fut ensuite conquise par le duc Richard de Bourgogne en 896. Réunie à la couronne en 1015, elle fut occupée par Eudes, comte de Champagne avant d’être restituée au roi en 1034.

Si le Comté de Sens était annexé depuis 1055 à l’Île-de-France, celui d’Auxerre était, bel et bien, bourguignon. Et il faudra attendre le 04 mars 1790 pour que se forme l’Yonne reliant deux territoires voisins.

Née champenoise, Sens est donc devenue bourguignonne. Au XXIème siècle, elle reste une ville charnière entre l’île de France et la Bourgogne Franche-Comté. Elle entretient également de nombreuses relations économiques et culturelles avec la Champagne et a lancé son autoroute A19 à la conquête de l’Orléanais.

En définitive, on serait presque tenté de marcher dans les pas de Larcher de Lavernade. Ni bourguignonne, ni champenoise, ni francilienne, elle est, avant tout, le pays des Sénons et la mère de Brennus le conquérant !

En marge de l’article,

Illustration : Yves Varanguin, sculpteur de Mailly-la-Ville a livré une sculpture des Sénons à Saint-Denis-les-Sens. Il nous a reçu chez lui lors de la réalisation de cette œuvre.

Découvrez le dernier livre d’Alain Di-Rocco paru en Avril 2021. Vous y découvrirez une Champagne bien plus puissante que le Royaume de France. Langres, Troyes et surtout Provins sont alors des phares du territoire. Alain-Di-Rocco vous présente leur Histoire.