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De la boue, naît la vie
Les anciens marécages
La couleur bleu roi des eaux de la ‘fons divonaa’ – source sacrée – est une dominante tout au long de l’année indépendamment des variations que subissent les cours d’eaux alentours. Ce lavoir en fer à cheval est enclavé dans le centre-ville de Tonnerre. Les eaux de pluie alimentent la source. Son débit moyen est de 311 litres par secondes. En période de fortes pluies, il dépasse les 600 litres. Le 15 mars 2001, il devait atteindre 3000 litres chaque seconde.
La Fosse Dionne est un ancien marécage aménagé en lavoir en 1758 par Louis d’Éon, le grand-père du Chevalier d’Éon. Elle se prolonge par un boyau sous-terrain de plus de 370 mètres. La descente y est strictement réglementée suite au décès de plusieurs plongeurs attirés par l’une des rares galeries restée mystérieuse.
3 siècles de vie se sont écoulés
Dans les temps anciens, on venait se placer au-dessus des cheminées du lavoir pour y écouter les commérages des lavandières. Mais, déjà, on frémissait à l’évocation des légendes qui émanaient de ce lieu.
Aujourd’hui, la fosse Dionne est l’une des curiosités touristiques du territoire. Elle attire et fascine ceux qui prennent le temps de s’y arrêter. Vous serez envoûtés par sa robe et son grondement venu de profondeurs inviolées.
L’œil bleu-vert au centre de Tonnerre
Mystérieuse est la fosse Dionne. Autour du trou d’eau, la population est descendue du plateau de Montbellant (derrière l’emplacement actuel de l’église Saint-Pierre). On est au XIIIème siècle. Un hôpital d’une taille remarquable se construit pour plusieurs centaines d’années. Progressivement la cité se bâtie autour de l’œil qui voit tout. En février 2021, la ville reprend l’habitude ancestrale de fermer portes et volets un peu avant 18h00. Seul le bruit de l’eau s’empare alors des rues proches couvrant les chants des oiseaux. Omniprésente est donc la Fosse Dionne. Les cheminées du lavoir forment des petites ouïes tournées vers le ciel à l’écoute de l’Univers.
Les sous du diable
Le poète-cordonnier Savinien Lapointe est né à Sens en 1812 et mort à Soucy fin 1893. Il contait l’histoire de petit Pierre. L’enfant avait dirigé un valeureux chevalier vers la source de la Fosse Dionne pour y abreuver sa jument. Discrètement, il avait ramassé quelques sous luisants perdus par le valeureux cavalier. Le conte relate tous les malheurs survenus à Pierre et à ses amis alors qu’il tentait de faire bon usage de cette fortune providentielle. Effrayé par l’acharnement du malin et la peur du châtiment, Pierre lança les derniers sous dans la fosse avant de trouver protection dans les bras de l’évêque Pallade. Ce dernier jeta son manteau bleu sur la source pour cacher les pièces. Ainsi donnait-il à la fosse Dionne, sa couleur au travers des temps. Quant au mystérieux cavalier courroucé, il plongea dans les eaux avant que le fonds ne se dérobe et emporte l’homme dans les abîmes de l’enfer.
Le manteau de la vierge
Alors que la Fosse Dionne n’existait pas encore, une jeune fille circulait dans ce bas quartier de Tonnerre dans les rues boueuses et sombres. Sentant la main du Diable se poser sur son épaule, elle implora la vierge qui vînt la sauver en étalant son beau manteau bleu émeraude au pied de la falaise. Apparut alors un vaste cratère rempli d’eau. La jeune fille y fût engloutie pour échapper au démon. D’évidence, la légende de la vierge nous fournit la seule explication crédible de cette couleur mystérieuse des eaux : Le manteau repose à jamais dans le fonds de la Fosse.
Le Basilic de la Fosse Dionne tué par Saint-Jean de Réome
Non, ne voyez pas dans le bleu des eaux, la lueur des yeux du Basilic puisque l’abbé qui vivait sur les hauteurs de Tonnerre au VIème siècle devait le tuer de ses mains. Alors qu’il avait besoin d’eau, il se rendit au faux bourg de Bourberault avec sa ‘besche’ pour y faire jaillir la source et terrasser ce monstrueux serpent dont le regard pétrifiait celui qui le croisait. Certes, Saint-Jean devait accomplir d’autres miracles par la suite, mais on imagine la ville de Tonnerre éternellement reconnaissante car il permit la délivrance des habitants du bourg.
Des plongées dans les entrailles de la terre
Quand on connaît les légendes de la Fosse Dionne, regarder les vidéos tournées par les équipes de Pierre-Éric Deseigne nous coupe le souffle. On a l’impression d’un boyau animal dans lequel progressent des plongeurs dont la vie ne tiendrait qu’à un fil.
Un exercice périlleux qui n’a pas dévoilé d’issue, de réponse certaine sur la longueur du ou des galeries de la Fosse malgré les expéditions menées depuis 65 ans.
1955, première tentative recensée de spéléologues en scaphandres autonomes.
1962, les plongeurs atteignent 32 mètres mais l’expédition coûte la vie à deux d’entre eux.
En 1979 et 1989, Patrick Jolivet déroule 370 mètres de fil d’Ariane pour atteindre et dessiner le profil du boyau jusque 70 mètres de profondeur.
Sous le manteau bleu-vert, des secrets difficiles à percer
En 1986, un nouvel explorateur y perd la vie. La plongée devient alors interdite jusqu’en septembre 2018. La municipalité en place se laisse alors séduire par la passion et les arguments d’un plongeur à l’international.
Fort de son expérience et des progrès techniques de la discipline, Pierre-Éric Deseigne propose de faire une topographie des galeries et de restituer ses connaissances au grand public. La Fosse Dionne le laisse passer une trentaine de fois. Il fait de nombreux relevés et poursuit l’aventure de ses prédécesseurs. Il atteint même la profondeur de 79,5 mètres en 2019. Mais depuis un éboulis, les explorations sont temporairement interrompues. Environ 3 mètres cubes de pierres.obstruent le passage à environ 30 mètres de fonds…
La Fosse Dionne reste donc cet œil bleu vert qui fascine et cultive les mystères et légendes dans une ville escarpée de toute beauté à une dizaine de kilomètres de Chablis.
Plongez aux origines des temps anciens
Texte du 06 février 2019 remis à jour le 16 février 2021.
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