Torturé pour la vie, Merci maman

Nous étions deux petits garçons puis deux adolescents régulièrement battus comme cela pouvait sembler normal il y a 40 ans environ. Mais quand on ouvre la porte sur la violence, on laisse parfois entrer des actes déviants qui peuvent aller jusque la torture physique et mentale.

A genoux les bras en croix, une posture presque habituelle quand papa ou maman ne gèrent plus la situation. Mais après avoir tout essayé, devant même soigner nos plaies après les coups, maman met ses deux enfants à genoux, les bras en croix, deux livres sur chaque main et une bougie en dessous. Alors qu’elle se rend dans le garage, nous réussissons à mettre les bras le long du corps, guettant le bruit de ses pas sur le retour. Ça y est, elle revient. Il nous faut reprendre la posture imposée. Les larmes sortent des yeux tant la douleur déchire nos bras d’adolescents.

Des sévices, nous en avons subis au fil des années, mais de celui-ci, je garde une image précise. 35 ans plus tard, je suis retourné dans ce petit pavillon de banlieue. Les seules souvenirs qui remontaient alors, étaient ceux des coups.

Certes, mon frère et moi, avons passé des moments fabuleux tant les enfants font leur miel de tout et de rien. Mais ces pertes de contrôle de nos parents ont tracé des sillons profonds dans ma vie de papa, de chef d’entreprise et d’homme. Malgré cela, j’ai eu l’impression d’entrer dans le moule formaté de notre société. Puis un jour, je me suis, à mon tour, marié avec une femme violente. Un épisode qui a fait exploser ma vie, mon entreprise et ma relation avec les grands enfants, me transformant même en mauvaise personne pendant quelques années. Mais là encore, l’adulte plein de certitudes que j’étais devenu, n’a pas été en mesure de gérer la violence de cette femme, de cette mère.

Alors certes, je protège mes jeunes enfants et vis leur présence comme un cadeau de Dieu. Certes, je suis aimant et doux avec eux. Mais il a fallu faire un travail colossal, il a fallu être patient et payer le prix fort pour faire, de cette déchirure, une force d’Amour envers les autres. Certes, je n’ai pas reproduit les actes de papa et maman sur mes sept enfants. Conscient de vivre auprès de trésors de la vie, il m’arrive de pleurer de joie en les serrant dans mes bras ou en raccrochant le téléphone avec les grands.
Hormis cette blessure et ses conséquences, je dois avouer que j’ai eu beaucoup de chance et j’ai l’impression d’être un homme profondément heureux. Concernant ces deux femmes, Je ne les haie point, mais je m’en suis éloigné car ni moi, ni personne, ne semblions en mesure de les sauver de leurs démons.

Si ces propos vous ont choqué, peut-être pouvez-vous prendre conscience, une fois encore, qu’au-delà de ses erreurs, vous avez certainement une maman extraordinaire… et qu’il est encore temps de vous organiser pour la serrer dans vos bras le 07 juin prochain. C’est un peu mon cadeau pour toutes les mamans du monde ou presque !